Dernière mise à jour le 8 juillet 2022
J’ai une position très tranchée sur le sujet des crédits à la consommation, je pense tout simplement qu’ils doivent être évités à tout prix pour 5 raisons.
Qu’est-ce qu’un crédit à la consommation ?
Tout d’abord, rappel de ce qu’est un crédit à la consommation. Le site du Service Public précise que le crédit conso (son petit nom mignon pour mieux faire passer la pilule) sert aux autres opérations que l’immobilier, pour acheter des biens de consommation (on parler alors de crédit affecté, ex. crédit effectué dans le magasin pour acheter un canapé) ou pour avoir de la trésorerie (on parle alors de prêt personnel, utilisable sans justificatif). Son montant est compris entre 200€ et 75 000€. Il rappelle que les conditions sont bien différentes du crédit immobilier.
Il est où le problème avec le crédit conso ?
Ca c’était le rappel du cadre “réglementaire” Mais alors il est où le problème ? Pourquoi le crédit conso c’est le mal ?
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1. Le crédit conso répond à un besoin d’immédiateté qui “in fine” gâche le plaisir
Il est naturel de se faire plaisir, d’avoir envie de craquer et de s’accorder un petit kiff. Tout le monde le fait, et même toute la société de consommation est organisée en ce sens. Mais il faut comprendre les mécanismes du plaisir, le petit shot de dopamine qui survient lorsqu’on achète ces superbes sneakers ne reste pas très longtemps. Il reste très éphémère jusqu’à ce qu’un autre objet qui te fasse de l’œil. Alors qu’au contraire, quand tu mets de côté depuis des semaines pour les acheter, je peux te certifier que le plaisir est tout autre et que le jour de l’achat c’est une célébration.
(voir article sur résister à la consommation)
(voir article sur l’étude des pauvres et l’argent)
2. Le crédit conso c’est une privation de liberté : argent déjà dépensé
S’endetter pour un crédit conso, c’est renoncer à des choix futurs. Exemple, quelle est la différence entre :
- J’économise pendant 12 mois pour m’acheter ce super écran plat
- Je rembourse pendant 12 mois ce super écran plat
Ça te semble identique ? Tu vois la différence ? En vrai, c’est plutôt cool de profiter de l’écran dès maintenant. Mais même sans évoquer les accidents de la vie qui peuvent survenir (ex. perte d’emploi), qui te dit que tes priorités seront les mêmes dans un an ? Dans les faits, quand tu fais le choix 2, tu renonces à la liberté de changer d’avis. Sur un autre plan, l’écran peut être volé ou cassé alors que tu n’as même pas fini de le rembourser, imagine le dégoût de rembourser un truc que tu n’as plus !
3. Le crédit conso c’est être moins résilient aux accidents de la vie :
Au-delà des envies qui peuvent évoluer, on peut carrément alors sur des changements bien plus contraints : accidents, chômage, changement de vie, tu ne dis que ça ne te concerne pas ? Ouais, crois-moi, cela peut arriver à tout le monde. Par exemple, le COVID a bien secoué le marché de l’emploi sans que personne ne le voit venir. Et de nombreuses personnes se sont retrouvées sur le carreau et ont dû assumer leur crédit conso dans cette période difficile. Tu vas me dire qu’il est possible de prendre une assurance, mais le crédit coûte encore plus cher (voir le point suivant).
4. Le crédit conso c’est cher (genre carrément trop cher)
Les taux d’intérêt proposés par les établissements de prêt sont carrément exorbitants, c’est littéralement se faire de l’argent sur le dos de ceux qui n’en ont pas.
Par exemple, regardons les mentions légales d’un prêt “Pour un Prêt Perso d’un montant de 12 000€ sur 72 mois, vous remboursez 72 mensualités de 190€ hors assurance facultative. Le montant total dû est de 13 680,00 €. Taux Annuel Effectif Global (TAEG) fixe de 4,501%, taux débiteur fixe de 4,411%. Le coût mensuel de l‘assurance facultative est de 12,75€ et s’ajoute aux mensualités ci-dessus. “
Pour avoir à ta disposition immédiatement 12 000€ pendant 6 ans, tu vas payer hors assurance 1 680€ ! C’est énorme, c’est 280€ par an, soit environ 23€ par MOIS ! Pendant 6 ANS ! Si on ajoute l’assurance, on est à 35,75€ par mois. sur les 6 ans, ça fait 2 598€ de coût total !
Pour info, lorsque tu payes en 3 fois sans frais, ce n’est pas sans frais pour le commerçant, soit il prend sur sa marge, soit il gonfle le prix du bien ou service.
5. Le crédit conso c’est le risque de rentrer dans une spirale du surendettement
La presse en parle régulièrement, quand ça se passe bien tout va bien, mais le crédit à la consommation peut se transformer en véritable cauchemar
Et plusieurs milliers de Français se battent au quotidien pour garder la tête hors de l’eau. On peut alors tomber dans une situation financière bien compliquée par effet d’engrenage.
La pente est glissante, prenons un exemple :
- Prise d’un crédit conso pour se faire un petit plaisir
- Accident de la vie (par exemple une maladie grave ou un divorce) -> les revenus et/ou les charges évoluent généralement dans le mauvais sens (lien vers l’article sur les charges)
- Petit à petit, on est asphyxié, on n’a plus de trésorerie, le compte est à découvert de plus tôt dans le mois…
- On décide de prendre un second crédit conso pour se donner une bouffée d’oxygène (s’il est accordé)
- Ca va bien pendant quelque temps, puis les mensualités de 2 crédits deviennent trop importantes
- Le découvert arrive très tôt dans le mois, des fois le salaire ne suffit même pas à le combler, le banquier appelle pour inciter à “résoudre” la situation
- Certains chèques ou prélèvements ne passent plus, les frais d’incident se multiplient et avec eux, les coûts
- On n’arrive plus à s’en sortir
- Les créanciers relancent régulièrement
Après tout peut aller très vite, un fichage Banque de France peut être effectué, compliquant encore davantage la situation. Progressivement cela impacte toute ta vie : peur des coups de téléphone (encore un créancier !), la boîte aux lettres est remplie de mauvaises nouvelles, la vie sociale s’en trouve impactée (difficile de sortir prendre un verre quand on a plus d’argent), les connaissances appellent moins et on se retrouve seul. (honte, solitude, dépression,…)
C’est un véritable combat qu’il faut alors mener pour s’en sortir.
Alors on en fait quoi du crédit conso ? Est-ce que c’est à bannir totalement ?
Oui/ Non enfin, ça dépend :
Le principe de base est simple : si on n’a pas l’argent, on ne dépense pas. On attend, on met de côté progressivement pour pouvoir se payer ce qu’on veut. Oui en théorie, c’est simple.
Dans la pratique s’il faut réparer d’urgence la voiture qui vient de tomber en panne, voiture qui nous permet d’aller au travail.
Cas où tout va bien :
Quand tout va bien (et qu’on a suivi mes conseils et on s’est donc constitué une épargne de précaution) on l’utilise pour les imprévus de la vie (c’est normal : c’est la vie qui est comme ça). Le problème survient lorsqu’on n’est pas prêt : pas d’épargne de précaution ou alors les problèmes s’enchaînent.
Quatre exemples concrets où un crédit conso semble être la solution :
- La voiture en panne
On reprend l’exemple de la voiture en panne, je dirais qu’il faut tout faire pour trouver une solution pour éviter d’avoir recours à un crédit conso (et donc sortir de l’argent, par exemple essayer de la réparer soit même (se renseigner sur Internet), demander à un copain s’il peut donner un coup de main, aller au travail en vélo si on en a un le temps d’économiser pour les réparations. Bien sûr des fois il faudra réparer cette voiture, mais peut être que la solution c’est d’économiser et de la réparer quand on aura les sous.
- Le lave-linge qui ne lave plus rien
Racheter une machine à laver le ligne qui ne fonctionne plus. A part si c’est vital, je dirais de laver le linge à la main le temps de trouver une solution (épargne pour une nouvelle machine, réparation à petit prix, vivre nu…)
- Le canapé de tes rêves en promo (ça marche aussi pour la petite pour des vacances de ouf)
Faire un crédit conso pour ne pas louper la bonne affaire d’un super canapé en promotion, c’est super tenant, c’est la bonne couleur, il est à -50%, tu en as marre de ton vieux canapé tout moisi, mais là c’est très simple, mais c’est non ! tant pis ! On ne fait pas une bonne affaire en s’endettant pour s’acheter du confort. Il faudra payer le canapé pendant x mois, alors qu’on déjà en train de l’utiliser
- Quatrième exemple : payer ses impôts
Là, la situation est plus délicate. Ce n’est pas une dépense de confort, et les impôts, ils aiment bien être payés, tu n’y couperas pas, il faudra payer. Cependant, avant de considérer le crédit conso, l’administration peut accorder soit des dégrèvements (c’est-à-dire une diminution totale ou partielle de l’ impôt dû) soit un délai de paiement, ou encore un échéancier de paiement. Ce n’est pas un dû, et c’est du cas par cas après étude de dossier. Contacte ton service des impôts via l’espace en ligne ou directement dans le centre des Finances Publiques, prépare bien ton dossier avec tous les justificatifs et ils reviendront vers toi.
Conclusion :
Pas facile, de s’y retrouver notamment avec les tentations du monde de la consommation ou les imprévus qui peuvent survenir. J
J’aime souvent faire un parallèle avec le fonctionnement d’une entreprise : est-ce que cette dépense me sert à gagner de l’argent (par ex. m’aide à faire mon travail) :
-> Si oui, je peux considérer faire un crédit conso
-> SI non, je renonce temporairement au confort le temps d’y voir un peu plus clair.
Conseils pour bien choisir un crédit conso :
Si malgré toutes ces infos, tu t’engages quand même dans un crédit à la consommation (t’es libre après tout), voici mes recommandations :
- On ne signe que ce qu’on comprend, s’il y a un doute -> on pose la question à l’organisme prêteur et on ne signe que quand TOUT est clair. Aucun compromis. On ne rigole pas avec l’argent, en cas de mensualités impayées, le prêteur ne rigolera pas non plus.
- On compare les taux chez les différents prêteurs, j’ai vu des taux jusqu’à 6 fois supérieurs en comparant certains préteurs
- On fait attention aux conditions de remboursements anticipé, partiel et autres (notamment aux frais qui peuvent survenir)
- On se renseigne s’il y a possibilité de mettre en pause les mensualités
- On regarde bien ce qui se passe en matière d’assurance, qui est couvert, à combien et dans quelle condition (et on n’oublie pas de faire jouer l’assurance quand c’est possible)
- On rembourse par anticipation si cela est bénéfique (ex. rembourser un crédit à 6% au lieu de placer sur un livret qui fait un rendement à 2%)
Du point de vue du prêteur, il vend un produit, dans le but de faire de l’argent. Il va créer une dette en te prêtant de l’argent. Cette dette va être estimée en termes de risques (est-ce que tu vas pas tout bien rembourser tout seul ?) Même si tu rembourses tout, mais qu’il y des incidents, tu vas coûter de l’argent au prêteur qui va devoir payer une salarié ou autre pour te contraindre à rembourser.
Et il y a une règle très simple en matière de risque : plus le risque est important, plus la récompense doit être importante.